UNLOCK : Réduire les Risques en prison
UNLOCK : Un réseau bruxellois pour une Réduction des Risques à travers les barreaux
Dans un contexte où le phénomène des drogues dans la société n’a jamais été aussi présent, il est essentiel de rappeler que cette réalité concerne également l’univers carcéral.
À l’occasion de la Journée internationale de la réduction des risques (RDR) liés à l’usage de drogues, il est important de souligner à quel point cette stratégie de soins permet de toucher les personnes les plus éloignées des structures classiques de prise en charge. Elle ouvre des possibilités d’accompagnement pour des populations souvent désaffiliées, cumulant divers facteurs de vulnérabilité et nécessitant des réponses spécifiques en matière de santé.
Dans la société, la RDR a démontré son efficacité : amélioration de la santé des personnes concernées, de la prévention, du dépistage et de la prise en charge (prévention et traitements) des maladies infectieuses telles que le VIH, les hépatites ou la tuberculose, porte d’entrée vers le soin, réaffiliation sociale… Autant de bénéfices également reconnus en matière de santé publique.
Pourtant, cette stratégie reste sous-financée, alors qu’elle complète les autres approches : prévention, accompagnement/soin et répression (cette dernière recevant la majorité des financements). Ce modèle des “quatre piliers”, mis en œuvre depuis la fin des années 1980 en Suisse, s’est imposé à l’échelle internationale.
Si, dans la société, on déplore un sous-financement, en prison, c’est son absence totale qui est à déplorer.
Dans un environnement où les vulnérabilités sont exacerbées — comme le confirment de nombreuses études internationales — il paraît aujourd’hui impensable d’écarter la mise en place de la Réduction des Risques (RDR) en milieu carcéral, contrairement aux recommandations de l’OMS, du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), de l’ONUSIDA ou de l’UNODC. Rappelons sans mesure le principe d’équivalence des soins qui signifie que chaque détenu a droit à la même disponibilité, au même accès et à la même qualité de soins de santé que ceux disponibles dans une société libre.
En Belgique, la société civile se mobilise depuis des années pour garantir, conformément à la loi, la continuité des soins — incluant la RDR — en milieu carcéral. Jusqu’à présent, sans succès… Seul un projet d’information en cellule, le projet PIRATE, est en cours dans les prisons bruxelloises. Bien qu’essentiel pour établir un premier lien avec les personnes détenues, ce projet reste insuffisant : en l’absence de toute possibilité d’échange ou de distribution de matériel de réduction des risques, son impact sur la prévention des maladies infectieuses demeure très limité.
La justice, qui gère à elle seule la santé en prison, reste sourde à ces demandes, compromettant ainsi un droit fondamental : l’accès à la santé.
Le 11 avril 2025, plusieurs associations bruxelloises (Transit, I.Care, Capiti, le Réseau Hépatite C, Médecins du Monde et MOVE asbl), accompagnées de militants, dont plusieurs médecins, ont décidé de créer le Réseau bruxellois de réduction des risques en prison.
Ce réseau, UNLOCK, aura comme objectif de faire passer la réduction des risques à travers les barreaux des prisons Bruxelloises. Puis de mobiliser nos partenaires néerlandophones et wallons pour constituer un réseau national de réduction des risques en prison.
La création du réseau UNLOCK nous permet d’être plus forts, plus soudés, et mieux armés pour provoquer le changement face au géant bureaucratique. Nous engageons un nouveau bras de fer avec le ministère de la Justice afin de faire évoluer les politiques, pour ouvrir la voie à des projets de réduction des risques en milieu carcéral, à la hauteur des besoins bien réels des personnes détenues et usagères de drogues.
Cette stratégie implique plusieurs niveaux de pouvoir en Belgique : les Régions et Communautés, compétentes pour la RDR en société, mais aussi les autorités de santé publique, garantes du respect du droit à la santé des personnes détenues, dans une logique d’équivalence avec la population générale.
Au regard des bénéfices certains de la réduction des risques, tant durant la détention qu’après la libération, ces acteurs devront se joindre à nous pour porter et soutenir ce changement de paradigme.
Avec UNLOCK, nous faisons le choix d’agir avec conviction, dans la continuité de notre travail, avec un seul objectif : l’amélioration de la santé des personnes usagères de drogues en prison.